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Le malheur d'une ville comme Munich est d'être parvenue, malgré la richesse de sa culture, à demeurer si longtemps méconnue des Européens. Mais quel est le véritable visage de cette ville ?

Celui, tout pailleté de folklore et de bonhomie, celui d'un gros village aimant arborer " dirndl " et culotte de cuir ou celui aérien et lyrique qui s'exalte dans les clochers bulbeux et les châteaux qui l'entourent ?

Faut-il se fier à l'image que nous révèlent certaines opérettes, à celle des " Fasching " délirants ou des ripailles incroyables de " l'Oktoberfest " où se consomment, autour des " Bierzelte " et des rôtisseries en plein air, plus de tonneaux de bière que partout ailleurs dans le monde?

Munich est la ville des surprises, des masques qui recouvrent d'autres masques, tout aussi fallacieux que les précédents, des jugements qu'il faut sans cesse réviser.

Munich offre les avantages d'une cité internationale tout en conservant son cachet particulier en raison de son esprit bavarois bien prononcé. Son atmosphère inimitable, l'opulente couronne architecturale, due à l'activité de bâtisseurs des souverains de jadis en font une perle rare dans un écrin non moins prestigieux. Munich s'efforce toute l'année de diffuser cette ambiance qui la caractérise: les bals endiablés du Fasching ( Mardi gras) ouvrent la nouvelle année sur un air carnavalesque. Puis, c'est au tour de la bière particulièrement capiteuse de réchauffer les coeurs encore refroidis par un hiver à peine écoulé. Une fois la belle saison bien entamée, les résidences prestigieuses et autres châteaux de rêve suscitent dans toute âme un merveilleux sentiment de bien-être qu'accentuent les festivals grandioses d'opéras dont la renommée n'est plus à vanter. Au sortir de l'un de ces spectacles, vous voici désormais plongé dans cette atmosphère où plus rien ne saurait vraiment surprendre l'oeil averti de cette multitude de facettes. Ainsi, vous émergez tout étourdi des profondeurs walkyriennes et, assis dans la Hofbrauhaus (célèbre brasserie munichoise dans laquelle Hitler venait haranguer les foules), proviennent à vos oreilles les suavités célestes d'une aria de Mozart échappées d'une église vert pistache, rose bonbon enrobée d'étincelles aurifères somptueuses.

La topographie, elle-même, joue des tours dans cette ville fascinante.Les ruelles ne cessent de vous faire découvrir de petites cours intérieures plus ravissantes les unes que les autres.

Si l'on remonte le cours de l'histoire à la recherche du secret de " l'irréalité ", pour reprendre le mot de Giraudoux, de cette ville où les fontaines s'inspirent de Rome, les parcs de l'Angleterre et où le jaune Marie-Thérèse des monuments rappelle Vienne à s'y méprendre, on constate que tout commence pour Munich par un putsch.

C'est en 1158, que, ayant décidé de détourner à son profit " la route du sel ", accaparée par l'évêque voisin, le duc Henri le Lion jeta les fondements de la ville de Munich.

Une telle réussite trouve peut-être son explication dans le fait que Munich n'a cessé, au cours de son histoire, de voir grand et de chercher ses modèles ailleurs, empruntant aussi bien à la France de Louis XIV, à la Grèce de Périclès (Louis l, créateur des Propylées et de la Glyptothèque, qui souhaitait faire de sa capitale " l'Athènes de l'Isar "), qu'à la Renaissance florentine (la Feldherrnhalle et la villa Lenbach) quand ce n'est pas aux rêves d'un Louis II, merveilleusement inspiré, quoi qu'on en dise!

Mais le paradoxe, c'est que cette ville caméléon ne ressemble à aucune autre. A Munich, tout est faux dans le détail et vrai dans l'ensemble. Pour découvrir cela, il suffit de flâner avec une certaine insouciance et de se laisser imprégner, tout doucement, de son charme insidieux il suffit de " flairer " les kiosques ou les marchés de victuailles qui regorgent de saucisses de toutes sortes et de presque autant de variétés de pains aromatisés.

A onze heures, il est recommandé de se mêler à la foule des badauds sur la Marienplatz, coeur historique de Munich, à l'affût du carillon du beffroi au Nouvel Hôtel de Ville où chaque jour se mettent en marche les automates: deux chevaliers et leurs écuyers ouvrent la ronde qui se termine par l'apparition du coq battant trois fois des ailes. Il faut, ensuite, se perdre dans le dédale des passages de l'Altstadt, avec leurs placettes ombragées où touristes et autochtones prennent le café, au doux murmure d'une fontaine, pour s'apercevoir combien cette ville qui aima tant le " kolossal " a su également s'adapter à l'échelle humaine. Lorsque le crépuscule s'étend sur la ville, l'esprit du visiteur saisit clairement le mélange de nostalgie et de fièvre joyeuse qui se dégage de cette ville si placide en apparence.

Après une insouciance bien justifiée, l'approche de l'automne suscite, dans le coeur des nostalgiques, des saveurs estivales, une merveilleuse sensation de délassement que les réjouissances d'octobre couronnent avec succès. La fête de la bière à peine oubliée, voici que les marchés de l'enfant Jésus avec leur extraordinaire ambiance annoncent les fêtes de fin d'année. Il y aurait encore beaucoup à dire sur la savoureuse gastronomie munichoise, bien des détails à ajouter pour ne pas trahir l'esprit qui habite Munich et dévoiler sans rien omettre les mille facettes qui plongent le visiteur dans une incroyable extase.

S.F.